« Tu vas vraiment aller à Versailles pour…? »

L’homme avait beau parler fort dans son téléphone, la fin de sa phrase se perdit dans le brouhaha du métro parisien.
Je croisais son regard depuis mon propre siège, et dans un flash, je fus projetée en une autre époque, en un autre lieu.
Sa tenue jean-basquet disparu pour laisser apparaître un ensemble culottes-chausses, et je le voyais parler, non plus à son portable, mais à une jeune femme aux cheveux bouclés.

« Oui, lui répondit-elle.
⁃ Mais c’est à deux jours de voyage, et tu ne connais personne à la Cours !
⁃ Je dois essayer. Je sais que tu ne comprends pas. Mais je dois vraiment essayer. Sinon, que me reste-t-il ici ? Je ne sais pas encore comment, mais je sais que je m’en sortirai.
⁃ Non seulement je ne comprends pas, mais je pense que c’est de la folie. As-tu ne serait-ce qu’une robe qui aille pour Versaille ? La Cours est un monde différent du nôtre, tu le découvriras assez vite… »

« Versailles. » 🎶
Je revins à moi, dans cette rame bondée.
« Versailles. » 🎶
Aujourd’hui, simple station de métro ; hier, rêve d’une vie pour cette jeune femme inconnue, dont je venais de partager la détermination courageuse.