« Alors j’attends. »
– Tu attends quoi ?
« Que la Vie reprenne son souffle. »
Dans cette période d’entre-deux, où l’ancienne Vie finit de s’évaporer, et la prochaine ne fait pas mine de se montrer…
Dans ces chapitres où le vide a pris la place de l’intensité…
Après ces fins souvent inattendues mais toujours pressenties…
La Vie reprend son souffle. Et avec le temps, j’ai appris à la laisser faire.
Alors j’attends.
Pourtant, je les sens en moi, prêtes à repartir. Comme des lévriers impatients dans leur box de départ.
Cette fougue qui démarre au quart de tour,
Cette impulsivité qui me fait passer à l’action malgré la peur,
Cette passion joyeuse qui tourbillonne en moi dès que je fais ce qui me rend vivante,
Ces identités, multiples, qui n’attendent que d’être sollicitées, convoquées.
Tout est là, prêt à servir.
Et pourtant, j’attends.
Elle inspire. Retient son souffle.
Elle expire. Retient son souffle.
Combien de temps cette respiration va-t-elle durer ? Quelques jours ? Quelques semaines ? Quelques mois ?
Je ne le saurai qu’après coup.
Mais je le sais toujours.
Un schéma se dessine. Deux ans et demi entre chaque respiration.
La Vie est comme un arbre, elle a un rythme qui lui est propre. Lent, par rapport à nous, humains. Rapide, par rapport à l’existence.
La Vie m’a toujours surprise. Alors je lui fais confiance. Même si cela demande du lâcher-prise.
Petit à petit, elle me fait évoluer, grandir, mûrir. Par un cheminement que je ne perçois vraiment que, justement, à l’occasion de ces respirations.
Ces pauses sont autant pour elle que pour moi.
Prendre le temps de ressentir les potentialités. De questionner sa curiosité. D’observer ses propres inclinaisons.
Et pourtant, attendre. Attendre ce feu vert, ressenti dans le cœur autant que dans le corps.
Dormir. Regarder le plafond. Lire un peu. Créer sans trop y croire. Sortir en étant à moitié présente.
Passive ? Je dirais patiente.
La Vie est vivante. Alors pourquoi s’angoisser quand on la voit prendre le temps de respirer ?
Texte par : Emmanuelle Vernay