– Chapitre 4 –
Mettre en place les bonnes conditions pour traverser cette transition
Partie 3
Ramener la vie en soi
1. “Comment vivre avec l’incertitude, sur les ruines de notre ancienne confiance” : prendre le risque de vivre.
« Nous sommes dans un univers d’où l’on ne peut écarter l’aléa, l’incertain, le désordre. Nous devons vivre et traiter avec le désordre. »
« Nous sommes condamnés à la pensée incertaine, à une pensée criblée de trous, à une pensée qui n’a aucun fondement absolu de certitude. »
« Certes, l’action est une décision, un choix, mais c’est aussi un pari. Or dans la notion de pari il y a la conscience du risque et de l’incertitude. »
« Dès qu’un individu entreprend une action, quelle qu’elle soit, celle-ci commence à échapper à ses intentions. Cette action entre dans un univers d’interactions et c’est finalement l’environnement qui s’en saisit dans un sens qui peut devenir contraire à l’intention initiale. Souvent l’action reviendra en boomerang sur notre tête. Cela nous oblige à suivre l’action, à essayer de la corriger – s’il est encore temps – et parfois de la torpiller comme les responsables de la NASA qui, si une fusée dévie de sa trajectoire, lui envoient une autre fusée pour la faire exploser. »
« Le guerrier de la lumière se comporte parfois comme l’eau, et il se glisse entre les nombreux obstacles qui parsèment sa route. À certains moments, résister signifie être détruit. Alors, il s’adapte aux circonstances. Il accepte, sans se plaindre, que les pierres du chemin tracent sa voie à travers les montagnes. En cela réside la force de l’eau : jamais un marteau ne peut la briser, ni un couteau la blesser. L’épée la plus puissante du monde est incapable de laisser une entaille à sa surface. L’eau d’une rivière s’adapte au terrain, sans jamais oublier son objectif : la mer. Ténue à sa source, elle acquiert peu à peu la force des fleuves qu’elle rencontre. Et, au bout d’un moment, son pouvoir est total. »
« Flexible, il ne juge plus le monde sur la base du
« vrai » et du « faux », mais sur celle de l’« attitude la plus appropriée à un moment déterminé ». »
« Nous faisions peut-être partie de ceux qui pensaient leur vie stable et assurée. Leur avenir tout tracé. Mais la vie nous a rappelé à quel point la seule chose d’immuable dans ce monde est que tout change, tout le temps. La seule chose de certaine est que tout est incertain. Et cette prise de conscience peut être plus ou moins brutale, selon la force de notre conviction originelle.
Alors comment se remettre en selle ? Comment reprendre la route, en sachant maintenant très bien ce qui peut nous arriver, comme déception, comme tristesse, comme douleur ?
En acceptant. En acceptant le fait que prendre le risque de vivre, c’est aussi faire le pari des joies possibles. Parce que oui, vivre est un risque à prendre. C’est le risque de tenter des expériences, sans savoir à quoi ça va aboutir, ni même si ça va aboutir à quelque chose. C’est ne pas savoir si ce qui est acquis aujourd’hui le sera encore demain. C’est se lever le matin, sans savoir ce qui nous attend réellement. Vivre, c’est constamment dealer avec l’incertitude. Et je crois que chaque jour, un peu de folie est nécessaire pour faire un pas de plus dans cette belle aventure.
J’ai appris à m’émerveiller de l’incertain. J’ai appris à penser avec curiosité, humilité et courage, à tout ce que j’ai pas encore vécu et que je peux même pas encore anticiper.
A tous ces événements qui, le jour J, me feront penser à aujourd’hui en me disant : Ce jour-là, je n’aurais JAMAIS imaginé vivre ça”.
Que les expériences soient positives ou négatives, j’ai appris à avoir plus de curiosité sur l’évolution qu’elles allaient me permettre de vivre, que de peurs. Évidemment que j’ai aussi peur, peur de souffrir, peur des grands drames, peur des cassures qui laissent des traces. Mais je sais aussi que je trouverai les ressources pour dépasser toutes les embûches, et que quelque soit la taille des vagues, je resterai au gouvernail pour tenter de mener ma barque le mieux possible.
On ne peut pas garantir l’avenir. Mais on peut se garantir de toujours faire de notre mieux, et de ne jamais baisser les bras vis à vis de nous même. »
2. “Cultiver la graine d’espoir et la vision d’ailleurs” : sortir du récit enfermant.
« Souvent, ils trouvent que leur vie n’a pas de sens. Mais ils n’ont pas renoncé à lui en donner un. »
« Il leur arrive souvent d’être lâches, et ils n’agissent pas toujours correctement. Les guerriers de la lumière souffrent pour des causes inutiles, ont des comportements mesquins et parfois se jugent incapables de grandir. Ils se croient fréquemment indignes d’une bénédiction ou d’un miracle. Ils ne savent pas toujours avec certitude ce qu’ils font ici. Souvent, ils passent des nuits éveillés, à penser que leur vie n’a pas de sens. C’est pour cela qu’ils sont guerriers de la lumière. Parce qu’ils se trompent. Parce qu’ils s’interrogent. Parce qu’ils cherchent une raison – et, certainement, ils vont la trouver. »
« C’est pour cela qu’il est un guerrier de la lumière ; parce qu’il est passé par toutes ces expériences et n’a pas perdu l’espoir de devenir meilleur. »
« Nous sommes ici parce que nous avons ressenti cette bouffée étouffée d’un optimisme mal camouflé par la peur. Un espoir qui nous appelle ailleurs s’est installé dans notre cœur.
Alors qu’en faire ? L’ignorer ? Impossible, nous avons essayé, et il n’a fait que de s’imposer davantage.
L’écouter ? Surement, mais sa voix est tellement faible que nous ne percevons rien.
Cet espoir qui nous appelle ailleurs, il faut le cultiver. Le faire grandir, grossir, s’étendre et se déployer.
Et pour cela, il faut sortir de soi, de nos limites, de notre imaginaire dont on a fait 100 fois le tour sans y trouver de réponse.
Dans votre tête se trouve une infime partie des possibilités de ce monde. Il y a tant de choses que vous ne pouvez qu’à peine concevoir, tant elles sont éloignées de ce que vous avez vécu, de ce qu’on vous a dit ou que vous vous êtes raconté.
Chacun d’entre nous possédons et expérimentons une pièce microscopique d’une réalité bien plus vaste.
Alors pour trouver une nouvelle façon de faire, il n’y a pas 36 moyens : il faut aller voir ailleurs. Rencontrer d’autres pièces du puzzle, pour enrichir la sienne.
Personnellement, j’ai entrepris d’expérimenter. Je suis allée m’immerger en entier dans des milieux qui m’étaient étrangers, et qui m’attiraient. J’ai rencontré des gens aux vécus différents, aux visions différentes. J’ai essayé différents modes de vie, j’ai endossé plusieurs facettes de mon identité, l’une après l’autre.
Et si l’expérimentation est un fabuleux moyen de cultiver ces notions d’espoir et d’ailleurs, lire et discuter sont des moyens tout aussi puissants de se décentrer de soi.
Allez questionner ce chef d’entreprise, lisez des récits d’aventure, discutez avec l’artisan du village, faites parler votre voisine qui s’est reconvertie il y a 6 ans… Tous ces récits vont vous ouvrir de nouveaux angles de vision, et vont enrichir votre capacité à créer des solutions nouvelles. »
3. Relancer les parts créatives de son cerveau.
“La fantaisie constitue la ressource interne la plus précieuse de la résilience.”
« On peut dire grossièrement que plus une organisation est complexe, plus elle tolère du désordre. Cela lui donne une vitalité parce que les individus sont aptes à prendre une initiative pour régler tel ou tel problème sans avoir à passer par la hiérarchie centrale. C’est une façon plus intelligente de répondre à certains défis du monde extérieur. »
« Aucune de ces souffrances n’est irrémédiable, elles sont toutes métamorphosables quand on propose des tuteurs de résilience. Ce qui ne veut pas dire que le tourment est négligeable, mais puisqu’il est là, il faudra bien en faire quelque chose, on ne peut tout de même pas se laisser aller au malheur ! »
« L’écriture dans cette fonction ne guérit pas du malheur passé, mais elle permet de s’installer dans un autre monde où il fait meilleur vivre. »
« Je crois que je ne sais plus penser.
À moins que je n’ai jamais su ?
Je crois savoir à quoi doivent ressembler des pensées.
Mais moi, je me parle dans ma tête. Avec des mots. Avec des sons.
Cette façon de penser ralenti le système de façon considérable, et j’ai souvent l’impression de m’embourber dans mon propre cerveau.
Je ne sais pas comment réapprendre à penser.
L’écriture me fait du bien car les mots coulent, sortent, s’extraient, laissant la place aux mots suivants. Écrire vide le cerveau en profondeur. Les pensées sont si superficielles. Elles tournent en boucle, créant une chape de pollution au-dessus d’idées qui ne demandent qu’à sortir. Écrire remet de la fluidité dans mes pensées.
Si je reste dans ma tête, ça ressemble à un plan d’eau stagnant. J’ai beau essayer de remuer avec un bâton, ce sont toujours les mêmes couches de vase gluante qui restent au-dessus.
C’est vraiment l’impression que j’ai. Mes pensées sont coincées dans de la gelée.
Je ne sais pas ce qui est le pire.
Avoir une pensée qui va trop vite et dans toutes les directions, ou bien une pensée en gelée ?
Je pense qu’au final ça donne la même impression de cerveau qui explose. »
« Pourtant l’écriture n’est pas une thérapeutique. L’auteur a souffert de son malheur, il ne redeviendra jamais sain, comme avant. Le travail de l’écriture l’aide plutôt à métamorphoser sa souffrance. Avant, j’étais dans la brume comme une âme errante, là ou ailleurs, sans savoir où aller, sans comprendre. Depuis que j’ai écrit, je me suis mis au clair, je ne suis plus seul, j’ai repris une direction, mais je ne suis pas guéri, je ne redeviendrai jamais comme avant puisque la blessure est dans mon corps, dans mon âme et dans mon histoire. Mon malheur charpente ma personnalité. Tout ce que je perçois, les objets, les lieux, les maisons et les raisons, sont référés au malheur passé, mais je n’en souffre plus. Puisque j’ai trouvé un sens, mon monde intime a pris une autre direction. Depuis que j’ai écrit mon malheur, je le vois autrement. »
« Si je dois citer l’outil principal qui m’a aidé à me remettre en mouvement, c’est l’écriture. Je ne parle pas d’écriture comme un écrivain, ou comme quelqu’un qui écrit bien.
Non, je parle d’une écriture désorganisée, fulgurante ou redondante, à peine lisible, parfois effacée par les larmes qui ont goutté sur le papier.
Je parle de mots jetés dans un élan désespéré pour faire sortir cette noirceur logée dans mon cœur, enfermée dans les toilettes du bureau pendant la pause de 5 minutes.
Je parle de mots griffonnés en appui sur le genoux, parce qu’une prise de conscience m’a traversé l’esprit en pleine rue.
Je parle de tous ces mots qui ont permis de faire sortir aussi bien la détresse que les pics d’espoir et d’enthousiasme, leur donnant corps dans le monde réel.
J’ai rempli 2 carnets, parfois au rythme de plusieurs pages successives par jour, parfois seulement quelques lignes succinctes toutes les heures. Des carnets qui tenaient dans l’espace d’une poche, pour les avoir constamment avec moi, comme une soupape, ou une bouée de sauvetage. Au fil de ces carnets, je me suis vue évoluer, comprendre, revenir en arrière, répéter les mêmes erreurs, me délester d’émotions passées, exposer ma vulnérabilité autant que ma force. Ces carnets sont aussi précieux à écrire qu’à relire. Ils nous permettent d’ancrer un cheminement.
Pour se construire une vie nouvelle, nous utilisons la part créative de notre cerveau. Car oui, inventer et choisir sa vie est tout autant de la créativité qu’inventer un tableau ou choisir ses matériaux pour une sculpture. Changer de vie, c’est être créatif.
Or nous l’avons vu, lorsque nous n’allons pas bien, l’esprit peine à faire preuve de créativité. Nous sommes plutôt embourbés dans des pensées non constructives et redondantes.
Alors comment aborder cette transition ? En relançant les part créatives de notre cerveau, par quelque moyen que ce soit
Une fois la machine remise en route, les solutions seront plus facile à trouver, les changements plus faciles à opérer.
Mais comment fait-on pour réveiller les parts créatives de notre cerveau , parfois endormies par les accidents de la vie ?
Si les activités manuelles et créatives sont difficilement accessibles (manque de possibilité, manque de motivation etc…), il existe une autre façon : l’usage des mots.
Je ne suis pas une littéraire, loin de là. Mais j’adore les mots. Nombreux sont les moments où mon esprit aime perdre volontairement le sens des mots. Où je vide les mots de leur sens pour n’en retenir que la coquille. Coquille que je regarde, amusée, sous tous ses angles.
Un mot n’est qu’un assemblage de lettres, un assemblage de sons, et pourtant tant de choses se nichent dedans.
Souvent j’aime prendre le temps de vider un mot de son concept et de le faire résonner plusieurs fois avec ma voix, juste comme ça.
C’est drôle un mot. Si simple, si futile, si creux. Et pourtant si contenant.
Les mots n’ont aucun sens, et pourtant ce sont eux qui permettent d’en mettre sur tout.
Que ce soit par l’écriture, la lecture, la parole ou l’écoute, les mots sont ce qui permet de retrouver une sensation de mouvement, alors que tout dans sa vie semble figé.
Lire, écrire, parler ou écouter sont des manières fabuleuses de continuer à bouger même lorsqu’on ne le peut pas, ou du moins pas encore.
Les mots sont créateurs, car ils se saisissent de ce qui a été brisé. Et selon les mots avec lesquels nous jouons dans notre tête au quotidien, notre passé se remanie, offrant ainsi au futur la possibilité d’être différent. »
« L’action aussi est un mode de créativité, une lutte contre l’angoisse du vide, la représentation du rien. »
4. Retrouver une curiosité joyeuse.
« Le hasard n’est pas seulement le facteur négatif à réduire dans le domaine de la stratégie. C’est aussi la chance à saisir. »
« C’est quoi, réussir sa vie, sinon cela, cet entêtement d’une enfance, cette fidélité simple : ne jamais aller plus loin que ce qui vous enchante à ce jour, à cette heure. »
« Il n’y a pas, d’un côté, un domaine de la complexité qui serait celui de la pensée, de la réflexion, et, de l’autre, le domaine des choses simples qui serait celui de l’action. L’action est le royaume concret et parfois vital de la complexité. »
« Une décision n’est pas une conclusion. Elle s’appuie toujours sur des contours frêles, incertains. Elle est d’essence crépusculaire. (…) De même que le courage n’est pas l’absence de peur mais le fait de la surmonter, de même la décision n’est pas l’absence de l’atermoiement, de l’hésitation mais leur dépassement. »
« Les cas où l’on se réveille un beau matin avec une illumination, une certitude, qui se révèle parfaitement juste et durable, sont assez rares. Nous l’avons vu, Lors d’une période de transition, nous pouvons être amené à beaucoup zigzaguer, à souvent changer d’avis, à nous construire par paliers.
Et ces zig et ces zag eux-mêmes sont rarement issus d’une illumination évidente. On se réveille rarement avec la vision claire de ce que nous avons profondément envie de faire, d’expérimenter. Alors comment le construit-on, ce cheminement, si l’on ne sait même pas où aller ?
La découverte de soi est le plus souvent le fruit d’une longue interrogation sur soi et d’une suite d’explorations. Il ne faut donc pas attendre l’illumination, mais rechercher une qualité oubliée : la curiosité.
Vous n’avez peut-être pas de passion. Vous n’avez peut-être même pas d’intérêt particulier pour quelque chose. Mais ce que vous pouvez avoir, c’est de la curiosité. Même de façon infime. Même si ça ne vous fait lever qu’une moitié de sourcil interrogateur. La curiosité est ce qui peut nous guider dans la bonne direction. Ce n’est pas forcément elle qui nous donnera un résultat final. Mais c’est elle qui nous mettra en mouvement et qui servira de boussole tout au long de notre cheminement, voire de notre vie.
On dit souvent qu’il est beaucoup plus facile de copier et de modifier quelque chose de déjà existant que de tout inventer de zéro. C’est pour cela que, à mes yeux, il n’est rien de plus puissant que la curiosité et son extension, l’expérimentation.
Nous cherchons une vie différente, une vie neuve. Nous aspirons à une flamme intérieure renouvelée, à une énergie passionnée. Mais il est difficile de construire tout cela à partir de rien, en ne faisant rien, en ne s’inspirant de rien.
Comment commencer ce changement de vie ? En commençant, tout simplement. Par une petite action, un petit test, une petite curiosité nouvelle pour un sujet complètement farfelu. Ou par un saut dans le vide, un changement radical, une immersion complète, si vous préférez.
Vous ne savez pas où vous allez, peut-être. La seule chose qui vous indique que vous soyez dans la bonne direction, c’est votre joie. Votre sourire, votre excitation, votre cœur qui bat un peu plus fort, les frissons sur votre peau, vos pics d’énergie. La curiosité joyeuse, celle qui vous guide de sujet en sujet, d’expérience en expérience, est votre meilleur guide.
Se mettre en action, même doucement, même de façon discrète. Mais se mettre en action.
Car c’est l’action qui vous permettra le mieux de restaurer votre pensée.
Le mouvement est une des rares choses qui s’auto-alimente : pour remettre du mouvement dans votre vie, vous devez créer du mouvement dans votre vie.
Quelles ont été mes mises en mouvement tout au long de mes périodes de transition ? Vous verrez qu’elles sont toutes différentes, car elles correspondaient à mes besoins inconscients du moment. Mais ce qui est sûr, c’est que ces mises en mouvement ont été guidées par une seule chose : ma curiosité à aller voir ce qui allait se passer si je prenais cette direction-là.
– Je me suis fait un cycle de 3 mois à partir en week-end, toutes les semaines, pour découvrir une ville différente des Alpes à chaque fois, et pour expérimenter des choses différentes, pour rencontrer des gens différents. Je me suis inscrite sur le site «couchsurfing», qui est une plateforme où des gens proposent d’héberger des voyageurs gratuitement, et je suis partie, tous les week end pendant 3 mois, en train, du samedi matin au dimanche soir. La semaine, je vivais encore à fond ma dépression post-séparation. Mais le samedi matin, quand j’attendais le bus aux aurores, avec mon petit sac à dos sur les épaules, je me sentais vivante comme jamais. Lorsque je me retrouvais à dîner chez de nouvelles personnes, à partir en balade dans la neige avec leurs amis fraîchement rencontrés, à finir la journée dans un spa vue sur les montagnes enneigées, et tout ça sans l’avoir prévu… je retrouvais goût en la vie. Je reprenais goût en l’imprévu, je voyais à quel point la curiosité pouvait me faire vivre des expériences positives, à quel point la vie pouvait être belle lorsqu’on prend la peine de la provoquer.
– J’ai lu. Énormément lu. Parce que ma vie ne me permettaient pas de me mettre en mouvement géographiquement, parce que j’étais prise par des contraintes, parce que ce n’était pas le moment de partir… J’ai quand même créé du mouvement avec la lecture. J’ai lu des romans, mais aussi tout un tas de livres sur pleins de sujets différents, juste parce que j’avais la curiosité de les lire. Il y en a pas mal que je n’ai pas fini, et d’autres pour lesquels je me suis passionnée et que j’ai enrichi par d’autres lectures sur ce sujet. J’ai laissé aller ma curiosité, laissé aller mon cerveau à se nourrir de la diversité.
– J’ai déménagé. J’ai eu la curiosité de savoir ce que ça faisait, de vivre en Corse. Juste comme ça, juste parce que j’avais envie d’expérimenter. Alors j’y suis allée. Je n’avais pas d’argent, alors j’ai échangé mon logement et ma nourriture contre de l’aide (agricole, notamment, via le site WWOOFing). Et j’y ai rencontré là aussi des gens différents, j’ai affiné ma connaissance de moi, restauré ma confiance en moi…
– Je suis partie travailler 2 mois au Canada comme guide de traîneau à chiens. Comme ça, sur un coup de tête. Rien à voir avec un quelconque plan de carrière, ou un quelconque objectif. Mais lorsqu’un ami m’a dit avoir rencontré des gens adorables au Canada, qui tenaient un super centre de tourisme en chien de traineau, et que potentiellement ils cherchaient quelqu’un pour les aider cet hiver, j’ai eu cet élan joyeux, cet emballement du cœur qui m’a fait dire : “donne moi leur mail, je leur dis que moi je veux venir”.
– J’ai un peu changé mon apparence. J’ai eu envie de voir ce que ça donnait, si je m’habillais différemment. Si je prenais le temps de construire consciemment ma garde robe, d’oser les couleurs, d’oser être féminine, d’oser les belles matières. Comment ça allait impacter ma façon d’être, ma façon de me sentir, et pourquoi pas ma façon d’agir ?
La liste est encore longue. Je ne compte plus les stages que j’ai fais juste par défi et par curiosité, les livres que j’ai lu, les lieux visités, les expériences tentées…. Certaines choses (beaucoup) n’ont pas perduré dans le temps, mais au final, très rares sont celles qui ont été absolument inutiles. Durant toutes ces explorations curieuses, j’ai appris quelque chose sur moi, je me suis découvert un intérêt, j’ai gagné des compétences, j’ai rencontré des personnes importantes… Quasiment toutes ces démarches curieuses ont été des pierres utiles à la construction de l’édifice que je suis aujourd’hui.
C’est donc ma dernière indication, et peut être la plus précieuse : faites en sorte de mener une vie gouvernée par la curiosité, la curiosité joyeuse, et non par la peur. C’est la curiosité qui donnera corps à votre espoir, et qui permettra de vous construire un ailleurs.