« Salut. Ou bonjour ?
Je ne sais pas trop sur quel registre commencer ce premier message, sachant que l’on ne se connaît pas encore.
Je sais que cela te fera rire lorsque je te parlerai de ces lettres, écrites avant notre rencontre. Un jour, je te les lirai sûrement, lovée contre toi dans un canapé moelleux, devant un feu de cheminée.
Tu seras en train de me masser les pieds, tandis que je te ferai face, te lançant des regards amusés par-dessus la tablette sur laquelle je lirai cette même lettre.
Tu auras peut-être du mal à te figurer quelle femme j’étais, au moment où je suis en train d’écrire cette lettre.
Je crois que je suis surtout une femme dont la foi et l’imagination sont, et ont toujours été, un rempart contre la solitude.
—
Si ce soir je suis un peu triste, c’est parce que je suis seule.
Tu sais, c’est fatigant d’être seule.
C’est un ressenti fort, une expérience que je mène depuis le départ dans ma vie. Me sentant seule, je n’ai d’autre choix que de me déployer le plus possible, pour essayer de traverser la vie de la manière la plus authentique possible. Car en étant seule, je n’ai personne derrière qui me cacher. Personne en qui me noyer.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que, même si tu connais la solitude, tu en as moins souffert que moi. Tu sais naviguer avec beaucoup d’aisance entre ta solitude et ta sociabilité. Et c’est ce que j’admire déjà chez toi.
Assise sur ma chaise de bureau, je te sens t’approcher doucement derrière moi, passer une main sur mes épaules, et m’embrasser le cou. Cette sensation est délicieuse. Je ferme les yeux, relâchant ma tête en arrière, savourant cet ancrage que tu m’offres le temps d’un baiser.
Nos regards se croiseront, et je remercierai le ciel de ta présence qui me fait me sentir à la maison.
—
Que fais-tu en ce moment ? Je t’imagine travailler. Je sais qu’il est tard, il est 22h passées. Mais comme moi, tu aimes ces moments de calme et de solitude du soir, ces moments où la journée semble perdre de son intensité, et où il ne reste que l’essentiel.
Je t’imagine célibataire, probablement parce que cela m’embête un peu de t’imaginer avec quelqu’un.
Au fond, j’aimerais que toi aussi tu sois en train de m’attendre. Je crois que tu l’es.
Qu’es-tu en train de faire ? Peut-être es-tu fatigué. J’espère que tu sais qu’entre mes bras, tu trouveras tout le réconfort dont tu peux rêver. Que la tête contre mon cœur, tu sentiras l’univers qui s’offre à toi.
—
Ce soir je me sens fatiguée.
Que me dirais-tu ce soir ?
Je crois que tu ne me dirais rien, car il n’y a rien à dire.
Je crois que tu me ferais danser. Pour faire bouger mon corps, pour que nos énergies se mêlent dans le mouvement, pour m’aider à évacuer tout ce que j’ai accumulé de ma journée.
Je plongerai mon nez dans ton cou, inspirant cette odeur qui m’apaise comme celle de la terre de pins. Je fermerai les yeux, me laissant porter et guider par ton corps puissant, chaud, souple.
Des phases difficiles, on en traversera, comme toutes les relations. Mais tant que nous serons ensemble, que nos regards pourront se perdre l’un dans l’autre, alors on saura que tout est surmontable, et que la vie continue.
Où es-tu mon beau Jupiter ? J’ai vraiment hâte de cheminer à tes côtés.
Où es-tu mon beau Jupiter ? Ce soir, c’est dans tes bras que je vais m’endormir.
Cela m’apaise de te savoir ici, quelque part. Je sens ton regard sur moi, car moi aussi je te regarde déjà. »
Texte par : Emmanuelle Vernay