Salut le blog, ça fait longtemps. Tellement longtemps que tous mes anciens articles ont disparu dans les multiples remaniements de ce site internet, et que j’ai la sensation aujourd’hui de redémarrer à zéro.
Rétrospective
Mon site a d’abord été uniquement un blog, appelé « Pensées d’une téléportée ». Un blog qui retraçait mes premières expériences de baroudage, vécues par une jeune femme de 20 ans, ex-parisienne, qui découvrait tout de la vie d’aventures. Au départ simples week-ends pour visiter des villes françaises et majoritairement alpines, logée chez des inconnus grâce au site «couchsurfing», mes explorations se sont faites de plus en plus consistantes, et une passion pour les sports de pleine nature s’est développée. Jusqu’à ce que je me lance en 2015 dans le GR20 en solo, randonnée itinérante qui parcourt toute la Corse en 15 jours, ou encore que je participe à deux expéditions polaires.
Puis, au tournant d’une crise existentielle, j’ai mis de côté ma passion pour les sports de pleine nature et me suis prise de passion pour le développement personnel. Je me suis lancée en tant qu’auto-entrepreneure. Mon site, qui était à l’origine un blog de partage de mon cheminement, a été rasé pour devenir le site de mon activité professionnelle dans l’accompagnement à l’introspection.
Et puis j’ai fait un quasi-burn-out, j’ai vécu la rupture d’une relation qui comptait beaucoup pour moi, les temps étaient troublés, avec les confinements, la peur du COVID, les divergences d’opinion avec les vaccins, et ces tensions se sont installées jusque dans ma famille, alors seul socle qui me restait.
Un peu perdue, mais jamais dans l’immobilisme, je me suis retrouvée à prendre la décision d’emménager, de me sédentariser à Vannes, ville de Bretagne. Comme ça, sur un coup de tête un peu désespéré. Moi qui aimais le nomadisme, je crois que c’est une période de ma vie où j’avais cruellement besoin de sentir une sorte de stabilité. Stabilité que j’ai cherchée dans le fait d’avoir un appartement à moi, dans une vie citadine.
C’était durant l’été 2021. Et me voilà, en 2024, qui émerge de cette période de trois ans et qui redonne à ce site sa vocation première : celle de partager mon chemin.
Un chapitre de vie qui a duré trois ans
Mon activité professionnelle a bien évolué. Fini le développement personnel et le coaching, je suis aujourd’hui (et actuellement) majoritairement graphiste. [Je dis actuellement et majoritairement parce qu’en réalité mes casquettes sont plus variées que cela. Mais actuellement, c’est la seule casquette professionnelle que j’utilise. Affaire à suivre, cela va de nouveau bouger en 2025.]
Aujourd’hui, reprenant le clavier pour réinvestir cet espace qu’est mon blog, je suis face à la question : par où commencer ? Je pourrais commencer par ce nouveau départ que je vis actuellement, à l’issue de ces trois ans à Vannes, en passant sous silence ce que j’y ai vécu.
Mais passer sous silence ces trois ans serait amputer le récit de mon parcours et de mon évolution d’une période très formatrice pour moi.
Cette période entre l’été 2021 et l’été 2024, je la ressens aujourd’hui comme une parenthèse improbable.
– D’aventurière nomade vivant au contact de la nature, je me suis retrouvée citadine, à danser et à donner des cours de danse quotidiennement.
– D’un caractère solitaire et peu encline à m’insérer dans la vie communautaire, je me suis retrouvée propulsée au sein d’une école de danse et de son équipe.
– D’un naturel sensible, un peu naïf et idéaliste, je me suis retrouvée face à la complexité des conflits, des jalousies, des mensonges et des complots.
Aujourd’hui sortie de cette parenthèse, dans laquelle mon envie de partager à été muselée, je souhaite reprendre le récit et le partage de mon chemin de vie sur ce blog et sur Instagram.
Il y aurait tant de choses à raconter sur ces trois dernières années. Mais pas aujourd’hui. L’expérience est trop récente, et je crois avoir besoin de temps pour l’intégrer, la digérer.
Alors je vais m’appuyer sur cette phrase de Gabriel García Márquez : « La vie, ce n’est pas ce qu’on a vécu, mais ce dont on se souvient. » Je vais non pas raconter ce que j’ai VÉCU, mais ce que j’en ai RETENU.
Car finalement, au-delà des récits, dont la culture humaine est friande, ce qui est utile c’est surtout partager ce que l’on a appris de ces récits.
Alors voilà mes trois dernières années en 7 leçons :
Leçon n°1
Belles sont les parenthèses de vie qui permettent de vivre pleinement l’une de ses potentialités. Car une des frustrations principales lorsqu’on a un profil de « multipotentielle » est que l’on est consciente de toutes les vies possibles que nous pourrions mener. Mais la vie étant linéaire, et étant incapable de nous dupliquer, nous devons faire des choix.
La danse est quelque chose qui me constitue et qui me permet d’incarner une de mes facettes principales. Or depuis de nombreuses années, la danse était quasi inexistante dans ma vie. Pour tout vous dire, en 2021 je pensais que la danse n’était plus envisageable dans ma vie car celle-ci s’était trop éloignée de la possibilité d’intégrer concrètement cette passion. Nomade, vivant dans la nature et loin de tout, il me semblait que la pratique de la danse était un deuil à faire.
J’en étais arrivée à croire que lorsqu’on choisit un mode de vie, il éclipse par conséquent les possibilités d’autres vies, et que nous devions faire le deuil de certaines de nos potentialités. J’étais persuadée qu’on ne pouvait pas tout faire et que certaines potentialités resteraient à jamais inexplorées, inexpérimentées, non vécues.
Moi qui pensais que la danse n’était plus qu’un souvenir, la vie m’a pourtant propulsée dans une parenthèse qui m’a, contre toute attente, permis de remettre la danse au centre de mon quotidien pendant un moment. Je me suis retrouvée à faire un spectacle de pole dance seule sur scène, à danser en costume de Samba, à apprendre le French Cancan, à donner des cours de danse, à apprendre à aimer la Salsa, et à découvrir l’univers de technique et de travail qui se cache derrière le mot « danse »…
Alors finalement cette parenthèse citadine et vannetaise m’a appris qu’en tant que multipotentielle, on pouvait en réalité tout vivre, tout faire… mais simplement pas en même temps. Les chapitres de vie sont là pour ça.
Leçon n°2
Les rayons du soleil ne réchaufferont jamais l’âme de celui ou celle qui craint la lumière.
Leçon n°3
Les gens nous voient tels que leur cerveau les fait nous percevoir. Et cela dépend de leur histoire, de leur vécu et de leurs croyances. Essayer de changer la paire de lunettes avec laquelle ils nous regardent est inutile, exténuant et très anxiogène. Il vaut mieux garder son focus sur le fait de s’entourer de gens qui nous perçoivent agréablement, et avec qui l’on se sent bien et comprise.
Leçon n°4
On a besoin de l’approbation et du soutien de son entourage. Et par entourage je veux dire entourage direct.
J’ai constaté que l’entourage à distance perdait son poids face à un entourage présent au quotidien. Alors si l’on s’entoure uniquement de personnes qui ne nous approuvent pas, qui nous perçoivent d’une façon qui n’est pas ce que l’on est, on commence à s’enfoncer dans une spirale très négative et destructrice, à la recherche d’un quelque chose qui ne viendra jamais.
S’il suffit parfois d’une seule personne dans son entourage qui nous soutient pour garder la tête hors de l’eau et ne pas sombrer complètement, on constate qu’à partir du moment où l’on s’entoure pleinement des gens qui nous approuvent, alors notre propre existence n’est plus ressentie comme un poids. Elle redevient assez légère pour se faire oublier, ne plus être un sujet préoccupation, ce qui nous permet alors d’investir d’autres sujets : nos projets, nos joies, nos envies…
Leçon n°5
Les rayons du soleil peuvent brûler celui ou celle qui est habitué(e) à une lumière plus tamisée. Offrir sa lumière ne fait pas du bien à tout le monde, en particulier à ceux ou celles qui n’ont pas l’habitude d’avoir leur propre source à l’intérieur d’eux-mêmes.
Ces personnes ne savent alors pas comment accueillir le soleil : ils en deviennent dépendants ou méfiants, et cela peut avoir plus d’impact négatif sur leur vie que d’impact positif. Alors voilà : Non, la lumière ne fait pas du bien à tout le monde et dans tous les contextes.
Leçon n°6
On ne peut « sauver » personne. Chacun est responsable de sa propre vie, de ses émotions, de ses choix et de sa manière communiquer. En bref, « chacun se gère ». Et venant d’une empathique ayant tendance au syndrome du sauveur, je peux vous dire que cette leçon fait du bien et allège beaucoup de choses !
Leçon n°7
L’ouverture d’esprit et la capacité à se remettre en question peuvent devenir des brèches grandes ouvertes dans lesquelles s’engouffre la manipulation. Tout comme il est bon de développer sa force et sa tonicité parallèlement au développement de sa souplesse et de sa mobilité, sous peine de se blesser, il faut développer ses certitudes en parallèle à son ouverture esprit. Et par certitudes, j’entends nos valeurs, nos préceptes de vie et des relations qui nous ancrent. Ce sont ces certitudes qui nous évitent de se laisser détricoter le cerveau par la manipulation.
Conclusion
En bref, ce que je retiens de ce chapitre vie qui aura duré 3 ans, c’est un mélange de gratitude pour avoir pu réintégrer la danse dans ma vie, et d’une amertume remplie de sentiments traumatiques, qui paradoxalement, m’auront aidé à mûrir davantage, à apprendre à mieux me protéger, et à mesurer la valeur de ce qui constitue le socle d’une vie sereine et épanouie : notre entourage, la responsabilité de sa propre vie, notre santé mentale et physique.
Cet article, c’est un peu ma manière de fermer la porte sur cette période vie, pour pouvoir commencer sereinement à partager l’ouverture d’un nouveau chapitre de vie qui s’ouvre devant moi.