Expéditions au Spitzberg
Hiver 2015 – Éclipse totale du soleil
« En hiver, tout deviens compliqué, même les choses les plus simples comme aller chercher quelque chose dans son sac. Toute action se transforme en expédition à part entière. Mais en contrepartie, le plus grand des conforts et des plaisirs peut venir des choses les plus simples, comme boire un thé chaud ou enfiler des chaussettes sèches. »
« Le vent est bel et bien présent aujourd’hui, et se fait d’autant plus sentir que nous arrivons sur terrain découvert près de la côte. Il fait bien -30°C de ressenti et les moindres parcelles de peau exposées à l’air gèlent rapidement. Je m’emmitoufle dans ma capuche, me protège le visage par mon masque et mon cache col, et avance tête baissée. Le sol exposé au vent est recouvert de plaque de glace lui aussi. »
« À peine les yeux ouverts et la tête sortie de mon duvet, je suis accueillie par un chocolat chaud tendu par un Frédéric au sourire tout aussi chaleureux. Mes réveils n’ont jamais été aussi confortables que dans cet endroit parfaitement inconfortable. »
« On essaye de tout faire avec les gros gants, mais il devient inévitable de les enlever pour s’atteler aux chiens : attacher le harnais autour de sa taille, attacher les chiens au harnais… deux petits gestes très simples qui pourtant sont une véritable torture et paraissent incroyablement longs à réaliser dans ce froid mordant. »
« Ce soir, il est très difficile d’allumer les réchauds. Les briquets ne fonctionnent que très mal, les réchauds sont bouchés par des cristaux de glace. Les calculs de réserve d’essence commencent à se faire : aura-t-on assez d’essence pour toute la fin de l’expédition ? L’essence est devenue notre liquide vital. »
« Pendant une heure, la lune grignote tout doucement le soleil. La lumière devient celle d’une fin de journée. Jusqu’au dernier moment, la luminosité reste étonnamment importante. Au moment fatal, tout s’accélère. La luminosité s’écroule d’un coup, la température chute à -29°C, et c’est la nuit. Pas totalement la nuit noire, puisque des lumières ultra-violettes courent sur la neige et derrière les montagnes. L’ambiance est surréaliste, l’énergie est presque palpable. »