– Chapitre 4 –
Mettre en place les bonnes conditions pour traverser cette transition
Partie 2
Ancrer ses racines dans un sol stable et sécurisant
1. Souffler un bon coup.
« Vous avez appris avec le temps à vous donner du temps. Vous avez appris à rompre pour continuer, pour continuer à votre façon, à votre manière inventée et personnelle. Avec le temps vous n’aurez appris que cela : ne pas lutter contre la maladie du goût. La laisser revenir, et l’enfance avec elle – l’avalanche du temps gris, l’éternité infranchissable. Ne pas céder à l’imaginaire du plein, à la panique de remplir ses journées par un emploi, des paroles ou du bruit, par n’importe quoi. La maladie sans nom atteint le cœur du temps. Vous avez inventé cette façon d’en guérir en n’y résistant pas, ce remède paradoxal : l’amour du temps perdu. »
« La psychologie, disait John Bowlby, repose sur un a priori implicite qui suggère que « plus la vie est dure, plus on a de chances de faire une dépression », ce qui n’est pas certain du tout. Plus la vie est dure, plus on a de chances de la trouver dure. Mais souffrance et tristesse ne sont pas des signes de dépression. »
« La première chose de vraiment constructive que vous pouvez faire pour vous, dans cette période de transition, est de ralentir considérablement et de faire complètement autre chose. Faites ce qui vous fait envie, détachez votre esprit d’un quelconque objectif, d’une quelconque pression. Cela prendra peut-être du temps, car cette démarche est complètement à contre-courant des us et coutumes de notre société. Mais ayez simplement à cœur de vivre au jour le jour, pour vous délester du poids sur vos branches et réancrer vos racines dans un sol plus stable. »
2. Faire place nette.
« Se débarrasser de tout ce qui n’a pas d’importance vous permet de vous rappeler qui vous êtes. La simplicité ne change pas qui vous êtes, elle vous ramène à qui vous êtes. »
« La première étape pour créer la vie que vous voulez est de vous débarrasser de tout ce que vous ne voulez pas. »
« Trouver la tranquillité d’esprit exige généralement que nous perdions certaines choses et certaines personnes. »
« Quel lien peut-il avoir entre le minimalisme et l’introspection ?En quoi faire le tri est une étape clef de toute transition ?
Tout d’abord, lorsqu’on fait le tri, on se déleste. D’objets, d’habitudes et de relations. Cet acte peut être bien plus riche de sens qu’on ne le pense. Car choisir de se débarrasser d’objets, d’habitudes ou de relations, c’est choisir de clore des périodes ou des parties de sa vie.
Se débarrasser ne veut pas dire renier. Le but n’est pas de faire comme si tout cela n’avait pas existé. On peut être reconnaissant d’avoir vécu ce que l’on a vécu. On peut en garder des souvenirs. Mais on veut aussi aller de l’avant, et repartir sur une base plus saine, plus sobre, plus «nous même».
Faire le tri permet de se recentrer sur ce qui est important pour nous : ce que l’on aime, ce qui nous fait plaisir, ce qui nous fait vibrer…
J’aime cette période de tri car elle implique de passer tous les éléments de ma vie en revue, un à un, et de me demander ce que je ressens vis à vis de cette chose. Est-ce que cet objet, cette habitude ou cette relation me fait du bien ? Me rend-elle heureuse ? M’apaise-t-elle ? Illumine-t-elle mon quotidien ? Me tire-t-elle vers le haut ?
Sinon, à quoi est-elle autant reliée pour que j’ai peur de m’en débarrasser ?
Choisir ce que l’on garde répond de façon très directe à la question «Qui suis-je ?».
Avec un environnement plus épuré, un emploi du temps allégé, et des relations réduites au strict positif, nous libérons de l’espace pour un renouveau, et nous nous délestons de pas mal d’angoisses. Nous faisons place nette pour construire quelque chose de différent. »
3. “ Apprendre à être seul, à se définir par soi-même” : s’apprivoiser et s’écouter finement.
« Quand le guerrier de la lumière commence à planter son jardin, il remarque que son voisin est là à l’épier. Il aime donner son avis sur la façon de semer les actions, d’engraisser les pensées, d’arroser les conquêtes. Si le guerrier suivait ces conseils, il finirait par faire un travail qui n’est pas le sien ; le jardin qu’il soignerait alors serait conforme à l’idée du voisin. Mais un véritable guerrier de la lumière sait que chaque jardin a ses mystères, que seule la main patiente du jardinier peut déchiffrer. Aussi préfère-t-il se concentrer sur le soleil, la pluie, les saisons. Il sait que le fou qui épie par-dessus le mur et donne des conseils sur le jardin d’autrui ne soigne pas ses propres plantes. »
« J’ai un ami qui ne fonctionne qu’aux ruptures brutales. Ne s’écoutant pas vraiment au quotidien, il accumule pleins de tensions en souterrain, et s’enfonce les yeux fermés dans des situations malsaines, jusqu’à ce que tout lui explose d’un coup et simultanément à la figure. C’est dans ces moments-là qu’il opère des grosses remises en question et de gros ajustements dans sa vie. Efficace, mais terriblement épuisant émotionnellement.
Pour traverser nos phases de transition plus sereinement, l’idée serait d’apprendre à s’écouter plus finement. Faire des points, aussi régulièrement que possible, sur ce qui nous convient ou non. J’aime dire que c’est tous les jours que je me pose la question de savoir si mon quotidien me convient ou non, et que c’est tous les jours que je renouvelle mon choix conscient de rester, d’ajuster ou de partir.
En nous invitant à nous recentrer sur nous et sur l’essentiel, les périodes de transition nous invitent aussi à ne plus nous laisser embarquer par la vie sans prendre la responsabilité de notre bien être. »
« Chacun de nous naît avec une tâche solitaire à remplir et ceux qu’il rencontre l’aident à l’accomplir ou la lui rendent encore plus difficile : malheur à qui ne sait pas distinguer les uns des autres. »
« Pour faire ainsi le point sur soi, il est parfois utile de se couper un peu de son entourage. Car tout le monde à un avis, beaucoup vont nous juger, même si leurs intentions sont bonnes. Certaines relations ont pu être supprimées de notre vie, lorsque nous avons fait le tri. Mais d’autres relations ont simplement besoin d’être suspendues, espacées.
Parfois il faut savoir prendre ses distances, avec sa famille, ou certains amis, car à ce moment-là, ils ne comprennent pas et s’inquiètent. Par inquiétude, ils vont nous maintenir dans une situation qui ne nous convient plus, mais qui les rassurent, étant donné que c’est la situation qu’ils connaissent le mieux avec nous.
Ainsi, pour s’apprivoiser, il peut être nécessaire d’embrasser la solitude, pour que la seule voix que nous ayons à écouter soit la nôtre. Pour se reconnecter à soi, il faut parfois se déconnecter des autres. »
« Réjouissez-vous de votre croissance, à l’intérieur de laquelle vous ne pouvez assurément emmener personne ; soyez bon envers ceux qui restent en arrière, manifestez devant eux une tranquille assurance, ne les tourmentez pas avec vos doutes et ne les effrayez pas avec une certitude ou une joie qu’ils ne pourraient comprendre. Cherchez à établir avec eux quelque communauté qui soit simple et fidèle, et qui ne soit point obligée de se modifier si vous-même devenez toujours autre ; aimez en eux la vie sous une forme qui vous est étrangère. »
« Pour avoir foi dans son propre chemin, il n’a pas besoin de prouver que le chemin de l’autre n’est pas le bon. »
« Il ne se laisse pas troubler par des gens qui, incapables de parvenir au moindre résultat, passent leur temps à prêcher le renoncement. »
4. “Chacun possède les dons nécessaires à son chemin individuel” : Apprendre à (se) faire confiance.
« Un guerrier de la lumière connaît ses défauts. Mais il connaît aussi ses qualités. Certains compagnons se plaignent sans cesse : « Les autres ont plus de chance que nous. » Peut-être ont-ils raison ; mais un guerrier ne se laisse pas paralyser par ce constat ; il cherche à valoriser au maximum ses atouts. Il sait que le pouvoir de la gazelle réside dans la rapidité de sa course, celui de la mouette dans la précision avec laquelle elle vise le poisson. Il a appris que le tigre n’a pas peur de la hyène, car il est conscient de sa propre force. »
« Les lumières qui nous sont accordées sont si nombreuses que, même en le voulant, nous ne pourrions les gâcher toutes. »
« Il est dangereux de demander un conseil. Il est encore plus risqué d’en donner un. Quand il a besoin d’aide, le guerrier s’efforce d’observer la manière dont ses amis résolvent, ou ne résolvent pas, leurs problèmes. »
« Lorsqu’on pense à changer de travail, à se mettre à son compte, à changer de vie, à quitter sa relation qui ne fonctionne plus… je constate que la plus grosse peur repose sur le fait de ne pas savoir si on va retrouver quelque chose derrière. Si ça va marcher.
Et si je n’arrivais pas à gagner de l’argent ? Et si je ne retrouvais personne ?
Cette peur de devoir faire «sans», la croyance qu’on ne saura pas faire, nous freine dans nos volontés de changement.
Et si la première étape était déjà d’apprendre à faire sans ? Sans argent, sans relation, sans stabilité…
Découvrir par l’expérience que non seulement on en est capable, mais qu’en plus ce n’est pas si désagréable que ça…
Un petit goût de liberté, d’autonomie, de résilience, qui petit à petit bâtit une estime de soi plus solide.
Et lorsque vous aurez la sérénité de celui/celle qui sait que, quoi qu’il arrive, il/elle saura toujours trouver une solution viable… chaque changement sera une aventure que vous serez prêt.e à tenter. »
5. “Instaurer des limites à l’emprise du passé sur le présent” : limiter la rumination
« Il existe des résidus émotionnels, produits dans les usines de la pensée. Ce sont les douleurs passées, qui maintenant n’ont plus d’utilité ; ce sont les précautions qui ont eu de l’importance autrefois, mais ne servent à rien à présent. Le guerrier a lui aussi des souvenirs, mais il parvient à faire le tri de ceux qui lui sont utiles. Et il se débarrasse des résidus émotionnels. Un compagnon dit : « Mais cela fait partie de mon histoire. Pourquoi dois-je abandonner des sentiments qui ont marqué mon existence ? » Le guerrier sourit. Il ne cherche pas à éprouver des émotions qu’il ne ressent plus. Il change, et il veut que ses sentiments l’accompagnent. »
« Ne vous observez pas trop. Ne tirez pas de conclusions trop rapides de ce qui vous arrive ; laissez-le simplement arriver. Sans quoi vous n’auriez que trop tendance à jeter un regard réprobateur (c’est-à-dire moral) sur votre passé, qui a naturellement sa part dans tout ce qui vous advient actuellement. Ce dont vous vous souvenez et que vous condamnez n’est pas ce qui, des égarements, des souhaits et des désirs du petit garçon que vous étiez, agit maintenant en vous. »
« La représentation du passé est une production du présent. Ce qui ne veut pas dire que les faits de mémoire sont faux. Ils sont vrais comme sont vrais les tableaux réalistes. Le peintre, rendu sensible à certains points du réel, les reproduit sur la toile en les mettant en valeur. Sa représentation du réel parle de son interprétation où tout est vrai et pourtant recomposé. »
« Nous racontons nos problèmes : aux autres, mais aussi à nous-même.
L’humain est ainsi fait, il pose des mots sur son histoire, crée des histoires pour raconter son vécu.
Certaines blessures ou peurs que nous avons nous viennent d’une expérience vécue. Nous avons souffert à un moment «t», puis nous avons créé un récit autour de cet épisode de vie. Un récit teinté d’émotions, de ressenti. Les mots et leur agencement n’est jamais neutre, il est porteur d’une vérité concernant notre façon de percevoir cet évènement.
Et si l’événement s’éloigne jour après jour de notre présent, reculant sur la frise chronologique de notre vie, les blessures continuent d’exister en partie par le récit que nous nous racontons. La façon dont nous racontons notre vécu, factuel ou émotionnel, peut devenir enfermante.
Ce récit, toujours le même, que nous nous repassons en boucle, crée un sillon profond. Un sillon émotionnel et mental duquel on aura de plus en plus de mal à sortir. Et notre blessure aura ainsi de plus en plus de mal à guérir, à évoluer. Nous restons coincés dans cette façon de se raconter. »