– Chapitre 3 –
Le sens et l’utilité des phases de transitions
Partie 3
Redéfinir un positionnement.
1. “Ils traquent l’universel en fouillant l’anecdotique” : les grandes réponses issues des petites questions.
« On peut enrichir la connaissance des parties par le tout et du tout par les parties, dans un même mouvement producteur de connaissances. »
« Lors d’une période de transition, nous sommes souvent à la recherche de grandes réponses avec de grandes questions. Quelle est ma place dans ce monde ? Quelle est ma mission, mon rôle ? Quelle vie je veux adopter pour la suite ?
Nous cherchons à comprendre et à nous positionner dans «le grand tout».
Cela va sans dire, ce type de questionnements trouve difficilement ses réponses, ou du moins pas facilement, et encore moins à partir «de rien».
Voilà à quoi peut servir le flou dans lequel nous nous trouvons lors d’une transition : à avancer à tâtons.
Souvent vécu comme une contrainte, voire une frustration, avancer à tâtons est pourtant une belle manière de trouver de grandes réponses.
Car en avançant à tâtons, nous sommes contraints de faire des petits choix, pas plus loin que l’échelle du quotidien. Et ce sont ces petits choix et ces questionnements du quotidien qui deviendront une base d’expériences pour nos plus grands choix futurs.
Lors d’une transition, nous explorons. A tâtons certes, dans plusieurs directions sûrement, mais nous explorons. Et ce sont ces explorations qui, une à une, nous apportent des éléments de connaissances d’une vérité plus générale.
Je ne sais toujours pas quelle est ma place dans ce monde, mais d’expérience en expérience, je sais quelle place j’ai aimé prendre et celles dans lesquelles je n’étais pas à l’aise. En tirant les conclusions de ces expériences, je récolte des petites réponses qui nourrissent mes grandes questions. Et toutes mes petites questions nourrissent ma quête de la grande réponse.
Ainsi, en vivant à tâtons, pas après pas, nous apprenons à nous positionner. Et c’est cette capacité à se positionner qui nous permettra de construire un futur de plus en plus ajusté. »
2. “La liberté de penser aux choses en elle-même” : se réapproprier sa vie, son temps et son espace.
« La lenteur révèle des choses cachées par la vitesse. »
« On parle souvent de la maison comme d’un second vêtement : comme lui, quoique à un autre niveau, elle protège, elle dissimule, elle assure le bien-être du corps, elle offre un minimum de surface sociale et permet une forme d’expression. Ne pas pouvoir s’extraire de la multitude, échapper à son harcèlement, se soustraire aux regards, refermer une porte derrière soi, arpenter quelques mètres carrés où l’on est souverain, souffler, reprendre des forces, faire ses besoins, se laver, se préparer à manger, entreposer en lieu sûr les objets auxquels on tient, c’est n’avoir qu’un vêtement sur les deux qui nous sont nécessaires. »
« Dans une société où nous sommes sans relâche arrachés à nous-mêmes, comment aller vers soi sans encombre ? »
« Que devient tout ce temps qu’on donne à ces choses qui ne nous nourrissent pas l’âme ? «Ce temps meurt, au vrai sens du terme, lorsqu’il est dérobé à son propriétaire. Chaque être humain possède son temps à lui, qui ne reste vivant que pour autant qu’il en dispose librement.» dit Mona Chollet dans son merveilleux livre «Chez soi».
Être casanier n’est pas valorisé socialement. Quoi de plus synonyme de réussite que de «ne pas avoir une minute à soi», de «passer chez soi en coup de vent», passant le plus clair de son temps affairé, dehors ?
Pas étonnant que nous sentions notre estime de soi descendre en chute libre lorsque nous traversons une phase de vie qui ne nous offre à peine suffisamment d’énergie pour sortir du lit, ou qui du moins nous donne l’irrépressible envie de rester chez nous.
Aujourd’hui, la seule manière acceptable de considérer son chez-soi est sous l’angle de la consommation. Décorer, aménager, inviter, arranger… ça on a le droit. Mais s’approprier notre chez soi !? Les yeux se détournent, le gène se fait palpable.
S’approprier son espace et son temps devient alors en lui-même un acte de singularisation, presque de rébellion. C’est «s’affranchir du regard des autres et du contrôle social « (Mona Chollet). C’est se permettre de respirer, de s’étendre, de prendre la place dont nous avons besoin. C’est s’accorder un temps de respiration, un temps d’ancrage.
Ce temps pris pour soi n’est pas toujours productif. Mais il est nécessaire à toute créativité. L’ennui, le calme, le temps creux, sont un terreau fertile pour voir fleurir du nouveau.
Ce temps et cet espace pris pour soi permettent une expression personnelle bien plus libérée, et surtout de faire un pas de côté dans cette vie au rythme effréné.
Qu’on aille bien ou qu’on aille mal, se réapproprier son espace est un cadeau que l’on se fait pour mieux vivre.
En tant qu’introvertie, je n’ai jamais eu de difficulté avec le fait de rester seule chez moi. Mais je ne me suis jamais vraiment autorisée à le faire, parce que je partais du principe que c’était synonyme d’une vie médiocre. La dépression m’a permis de voir à quel point c’était faux.
J’aime être dehors, j’aime l’aventure, j’aime faire des trucs. Mais tout cela ne pourrait exister ni être apprécié sans tous ces moments de calme, de cocooning, de solitude, que je prends pour me recharger.
Une tisane odorante, des draps doux, de la lecture, un rayon de soleil chaud, et surtout… du silence.
Pour passer beaucoup de temps active, je dois aussi passer beaucoup de temps au calme. C’est comme ça. Et depuis que j’essaye vraiment de respecter ça chez moi, je ne m’épuise plus comme avant.
D’autre part, ces temps pour moi sont aussi des temps où j’ai l’espace de réfléchir, de remettre en question, de m’informer… en bref, de cultiver ma liberté de pensée.
Ainsi, loin de rendre ma vie médiocre, m’approprier ma solitude, mon temps et mon espace me permet une vie plus riche et plus libre. »
3. “Un esprit vierge est la meilleure longue-vue pour balayer les horizons” : ouvrir son champ des possibles.
« S’il pense uniquement au but de son voyage, il ne prêtera pas suffisamment attention aux signes du chemin. S’il se concentre sur une seule question, il perdra maintes réponses qui se trouvent à sa portée. »
« On ne trouve jamais ce que l’on cherche. Voire même, on trouve le contraire de ce que l’on cherche. On croit trouver la clé, on croit trouver l’élément simple et on trouve quelque chose qui relance ou renverse le problème. »
« On ne peut bien voir qu’à condition de ne pas chercher son intérêt dans ce qu’on voit. »
« Si la dépression a vidé mon esprit et mon coeur de tout le sens qu’ils donnaient aux choses, c’était pour me permettre de le remplir avec de nouvelles définitions que j’aurai personnellement choisie en toute conscience, à force d’exploration et d’ajustements. Et ce sont ces choix délibérés sur le sens que nous donnons aux choses qui constituent la fondation même d’une vie libre et authentique. »