Cet espoir qui nous appelle ailleurs

Recueils de textes d’auteur.e.s qui nous aident à
mieux vivre nos phases de transition de vie.

« Cet espoir qui nous appelle ailleurs » a vocation à parler d’aventure. De l’aventure d’une vie remplie de zig et de zags, où les changements de cap sont inconfortables.

À travers des extraits de textes d’auteurs et d’autrices, ponctués par quelques réflexions personnelles, nous allons explorer d’autres récits, d’autres visions, pour doucement se décentrer. L’objectif est de se permettre, petit à petit, d’accéder à une autre perception de ces phases si complexes que l’on appelle transitions de vie.

Bon voyage et bonne lecture !

– Chapitre 3 –

Le sens et l’utilité des phases de transitions

Partie 1

“On peut dire du monde que c’est en se désintégrant qu’il s’organise” : le mal-être est parfois la meilleure solution trouvée.

1. La rupture est-elle une facilité, une fuite ?

« Toute organisation, comme tout phénomène physique, organisationnel et, bien entendu, vivant, tend à se dégrader et à dégénérer. Le phénomène de la désintégration et de la décadence est un phénomène normal. Autrement dit, ce qui est normal ce n’est pas que les choses durent, telles quelles, cela serait au contraire inquiétant. Il n’y a aucune recette d’équilibre. La seule façon de lutter contre la dégénérescence est dans la régénération permanente, autrement dit dans l’aptitude de l’ensemble de l’organisation à se régénérer et à se réorganiser en faisant front à tous les processus de désintégration. »

Edgar Morin

- Introduction à la pensée complexe

« La rupture avec soi est le plus court chemin pour aller à soi. »

Christian Bobin

- La Part manquante

« Je crois que quiconque a expérimenté le fait de changer de vie s’est entendu reprocher le fait de fuir (la réalité, les responsabilités…), de choisir le chemin de la facilité.

Cette notion de «fuite» me donne l’impression qu’il n’y a qu’un seul chemin qui soit convenable. Que nous sommes sur un tapis roulant unidirectionnel, et qu’y rester soit la seule chose sensée et acceptable. Vouloir en descendre, car on ne s’y sent pas bien, et que l’on questionne ce principe de «voix unique» fait de nous des déserteurs.

Et si la rupture était bel et bien une fuite ? Encore faut-il être lucide sur ce que l’on fuit, mais en soit la fuite n’est pas une mauvaise chose. Fuir ce qui est destructeur pour soi, fuir ce que l’on pressent comme nocif. Parfois, souvent même, notre instinct de conservation est plus rapide que notre prise de conscience. Le corps met le frein à main bien avant que nous soyons en mesure d’en faire le choix conscient.
Depuis quand avons-nous collectivement décidé que fuir une situation nocive pour soi était condamnable ?

Alors oui, vouloir changer de vie est sûrement une fuite. Une saine fuite que personne ne peut juger sans être à votre place, avec votre histoire et votre personnalité. Mais une facilité ? Sérieusement ? Est-ce que choisir la voie de l’incertain, de l’inconnu, de la solitude et de l’imprévu est plus facile que de continuer sur un chemin déjà balisé et parcouru par la majorité de nos semblables ? Je crois, et sans jugement aucun, que ceux qui pensent que changer de vie est une facilité sont des gens qui n’ont encore jamais emprunté ce chemin là. »

2. “ Nos tristesses sont les instants où quelque chose de nouveau entre en nous” : la douleur nécessaire à la métamorphose.

« L’ordre ? C’est tout ce qui est répétition, constance, invariance, tout ce qui peut être mis sous l’égide d’une relation hautement probable, cadré sous la dépendance d’une loi.

Le désordre ? C’est tout ce qui est irrégularité, déviations par rapport à une structure donnée, aléa, imprévisibilité.

Dans un univers d’ordre pur, il n’y aurait innovation, création, évolution. Il n’y aurait pas d’existence vivante ni humaine.

De même aucune existence ne serait possible dans le pur désordre, car il n’y aurait aucun élément de stabilité pour y fonder une organisation.
Les organisations ont besoin d’ordre et besoin de désordre. »

Edgar Morin

- Introduction à la pensée complexe

« C’est dans le noir qu’on espère la lumière,
c’est la nuit qu’on écrit des soleils. »

Boris Cyrulnik

- La nuit, j’écrirai des soleils

« J’ai longtemps cru que la tristesse face à la fin de quelque chose était le signe que cette chose m’était nécessaire, voire qu’elle m’était bénéfique. Que ma tristesse était le signe que je devais m’accrocher. Et plus je m’accrochais, plus j’étais triste. Alors je m’accrochais davantage.

J’ai récemment appris la véritable signification de la tristesse : ce n’est pas la tristesse qui créait mon envie de m’accrocher. C’est mon envie de m’accrocher qui créait ma tristesse.
La tristesse est le signal émotionnel qui indique que nous refusons l’impermanence. Que nous refusons, peut être inconsciemment, le changement. Que nous refusons de lâcher prise sur ce qui doit -et va- changer.
La tristesse nous invite à embrasser le changement. A faire le deuil de ce qui a été, et qui ne va plus être.
La tristesse est la porte d’entrée du renouveau. »

3. “Certaines choses ont besoin d’un brusque mouvement de torsion pour changer” : l’intérêt de ne plus avoir le choix.

« Ainsi les accidents révèlent les fantômes, les virtualités de notre moi. Ceux qui restent dans les coulisses, attendant la chute du jeune premier pour le remplacer. »

Claire Marin

- Rupture(s)

« Dans son fabuleux livre “Tu vas t’en mettre plein les poches” (le titre est rigolo, le contenu aussi mais brillant !), Jen Sincero dit : “Une excuse n’est rien d’autre qu’une difficulté face à laquelle vous avez renoncé.”.

Mais parfois, la vie ne nous offre pas le luxe de renoncer. Elle nous met au pied du mur.
Dans ces moments, ce qu’on étouffait jusque-là n’a d’autre choix que de ressurgir, et ce qu’on repoussait nous rattrape.

L’humain est particulièrement doué pour les excuses. Car elles nous permettent de rester dans le confort, dans le connu. Et cela rassure notre instinct de survie.
Certains changements sont trop effrayants pour qu’on prenne seul la décision de les initier. Surviennent alors les ruptures, les licenciements, les décès, les maladies, les dépressions… qui nous forcent à nous métamorphoser. C’est dans ces moments-là que se révèlent des parts de nous, souvent inconnues jusqu’alors. »